Ces enfants d'Oradour qui n'étaient pas à l'école le 10 juin 44 et ne furent pas tués, le Populaire du Centre. (2024)

Kometa, revue vouée aux mémoires et au présent de l'Europe de l'Est, dit aussi les oublis salvateur. La Croix l'hebdo dit de vieilles dames seules dans les campagnes. Dans Télérama Ariane Mnouchkine à 85 ans dit sa vie de théâtre au présent. Le Point dit les secrets des cerveaux des champions.

Vous nous parlez d'enfants...

Qui ne sont pas allés à l'école, un beau matin de juin. Adèle 5 ans avait une angine, et sa soeur Raymonde 7 ans était restée avec elle et une cousine venue les visiter, et leur cousin Albert 6 ans avait si mal au pied à cause de ses souliers qu'il avait fait demi-tour pour les rejoindre au lieu d'aller en classe… Solange avait le bras cassé, Odette avait quitté la classe le midi, parce qu'elle avait cassé ses lunettes, Pierre n'avait pas bougé de chez lui, il avait fait une indigestion de cerises, et Camille sortait d'une pneumonie -mais il était quand même sorti aider son grand-père qui travaillait aux champs…

Et ainsi vous lisez dans le Populaire du Centredes histoires d'enfants des histoires d'écoles buissonnière d'une fin d'année scolaire, dans le Limousin il y a bien longtemps…

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Des histoires d'enfants d'Oradour sur Glane et de hameaux alentours qui avaient une angine ou la flemme ou de la chance le 10 juin 1944, car ils n'étaient pas à l'école quand la division Das Reich a dévasté le village et brulé dans l'église avec d'autres martyrs les 157 enfants pris à l'école ce jour-là…

Et quand est passée la fureur, quand les assassins sont partis, Albert qui avait mal au pied n'avait plus de grand frère: René et Marcel, 10 et 8 ans étaient morts, et Albert se souvient du corps tout noir de Marcel reconnu entre le confessionnal et le mur de l'église, par ses vêtements et une chaussures, ramené à la maison dans un drap et la grand-mère qui avait gardé les petit* ce jour-là, c'est la cousine Raymonde qui s'en souvient, avait les lèvres noircies après avoir embrassé l'enfant.

Albert n'avait jamais dit qu'il avait vu le corps de son frère… Il a fini par se confier à un petit cousin, Franck Hyvernaud, qui pendant des années est allé entendre ces vieilles personnes jamais guéries d'avoir été des gosses qui un matin de juin avaient manqué l'école et qui ont du grandir ensuite dans la peur et la solitude… Son livre est sorti le mois dernier, c'est de lui que s'inspire le Populaire du centre pour me dire cette histoire d'enfants, en ce printemps où dans des commémorations on conjure l'oubli.

Il est pourtant utile l'oubli et salvateur parfois quand il s'agit de vivre… Au quotidien tout simplement l'oubli est un destockage pratique, un tri du cerveau qui se déleste d'informations inutiles, «a l'instant je regarde cette table, me dit le neuropsychologue Francis Eustache, tout à l'heure j'aurais oublié que je lai regardée»… Mais plus que cela, ajoute Eustache, des dirige un programme de recherche sur des survivants des attentats de novembre 2015… l'oubli est qui vous empêche d'entendre dans une tôle qui claque sur un toit un jour de grand vent, la fusillade à laquelle vous avez échappé, l'oubli empêche le traumatisme d'un drame d'écraser comme un kyste les souvenirs heureux… A l'hopital Avicenne, près de Paris, un somalien nommé Anwar, survivant d'un massacre où ses proches ont péri, demande à la psychologue et anthropologue Mari-Caroline Saglio-Yatzimirsky, s'il existe une opération qui lui retirerait le morceau de mémoire qui rend fou… Mais en même temps il faut parler pour que la mémoire s'apaise dit la praticienne…

Je lis ces dilemmes et ce désir d'oubli dans une jeune revue, dont l'objet même -paradoxe- est de conserver la mémoire et préserver le présent de l'europe de l'est auxquelles elle s'est dédiée... Kometa, troisième livraison en kiosque cette semaine, bruissante d'humanité et qui sait même me faire sourire quand le russe Oleg Orlov, dissident en son pays depuis l'Union soviétique, interrogé depuis sa prison, ayant raconté son apprentissage de la liberté dans une famille où la nuit, on lisait le docteur jivago livre interdit qu'on vous avait prêté sous le manteau deux petites journées, insiste sur un point qui lui semble essentiel. Un jour en Karélie il a pêché lui Orlov un brochet de 11 kilos et il assure que Vladimir Poutine ment quand il prétend avoir sorti de l'eau un brochet du double de ce poids… …

On parle aussi d'un oiseau de nuit...

Dans Kometa encore l'écrivaine longtemps scandaleuse Sofia Oksanen, rencontrée chez elle en Finlande, Oksanen qui est entrée en guerre des mots contre la Russie de Vladimir Poutine, et qui montre une photo de sa famille estonienne -elle est de double ascendance... Ses arrière-grands parents maternels avec leurs quatre enfants... la photo était interdite, cachée sous un papier peint chez sa grand mère, elle désigne un môme, son grand père qui fut déporté par Staline, et un autre, un grand-oncle qui lui collabora avec les soviétiques, quand l'URSS envahit et annexa l'Estonie, et une fillette, une grand-tante, qui se cacha sous les nazis avec une amie juive, que de mémoires... Dans la Croix l'hebdo, la même Sofia Oksanen explique qu'elle n'est pas partie vivre en Estonie, parce qu'elle travaille ,elle écrit en finnois, et pour écrire dans une langue, il faut s'y baigner, sinon votre écriture devient archaïque...

La Croix l'hebdo nous fait aussi entendre des mots de chez nous... Ceux de Rachelle, Ginette et Denise, bien veilles dames 88 88 et 97 ans qui ont en commun cela, être vieilles et vivre seules à la campagne, en Charente, reliées au monde encore par le camion-boucherie d'un artisan bienveillant Bruno Dumontoux. La Croix l'hebdo s'interroge sur leur solitude, en réalité nous imprègne de vies… rachelle fait encore sa corvée de bois et aie rire, Ginette s'ennuie parfois entourée de photos, écoutant de vieilles variétés, se souvenant de son fils mort et visitant le cimetière où son mari doit s'ennuyer. Denise qui n'entend plus vraiment passe du patois au français et se souvient d'une autre vie qu'elle a manquée, elle qui avant-guerre avait vécu dix ans à Paris… Elle ne regrette que le cinéma où elle allait souvent, elle cite Carné, Renoir et Charlot, elle regrette que France 5 diffuse moins de vieux films les après-midi. «Pourquoi ont-ils arrêté?»

Dans Télérama, une autre femme quasiment leur contemporaine aux campagnardes, Ariane Mnouchkine, 85 ans, déborde de vie, se dit au présent, est encore devant nous l'étudiante des années 60 qui s'embarquait dans le théâtre comme pour un voyage qui durerait la vie entière c'est arrivé. Le 29 mai le Théatre du soleil a fêté ses soixante ans, né d'une pièce de Maxime Gorki, «les petit* bourgeois», Ariane préparait la mise en scène avec des soldats de plombs, je me dis qu'il n'y a plus de soldats de plombs mais mon papa parlait ainsi...

Il n'est loin pas le théatre de Mnouchkine de la joie d'Azariah, hongrois de 22 ans, musicien autodidacte que raconte M le magazine du Monde, qui devenu la consolation l'espérance d'une jeunesse fatiguée d'un pouvoir réactionnaire, il s'inscrit aussi notre garçon dans la mémoire du pays, par un vieux livre bien beau, «les garçons de la rue Paul», la rue Pal, qui fit rêver les enfants de Hongrie et d'ailleurs et que mon père me donna...

Loin de cette espérance, le même magazine du monde nous dit Bollywood que le nationalisme au pouvoir enserre en Inde et qui doit se plier à la peur et à l'autocensure. J'aimais danser pourtant.

Et on parle enfin d'une artiste...

Qui dans le Point m'impressionne car elle jongle avec de petites balles... Cléopatre Darleux, gardienne de but championne olympique de handball, qui jongle pour s'échauffer les yeux, améliorer dit-elle ma vision périphérique, elle fait avec son regard aussi des cercles oculaires dans les deux sens, elle suit de plus en plus vite une balle de tennis... Et elle est notre gardienne, qui en match protège ses buts de tirs terrifiants, un des personnages d'un ensemble passionnant sur le cerveau des champions...

Les super-pouvoirs mentaux des grands sportifs, qu'un neurologue passionné passionnant Jean-Philippe Lachaux, explore dans un bouquin, j’en prends de la graine si dans une autre vie, qui sait... Il faut sentir son environnement comme une partie de soi-même, se laisser gagner par ses visions, manipuler une énergie invisible! Lisez... Sidney Govou, le footballeur, voyait sur la pelouse une flèche blanche lui indiquant le chemin quand il dribblait.

Sur le site de Ouest-France, j'en termine, lisez Simone Thiero qui fut handballeuse professionnelle avec un bras inerte, bousillé par un médecin quand elle était petite... C'est haletant de courage et de raison, de dissimulation, de force, elle en a fait un livre, «L'image du sportif parfait»... Je lis son ironie, mais je la ressens cette femme au premier degré.

Ces enfants d'Oradour qui n'étaient pas à l'école le 10 juin 44 et ne furent pas tués, le Populaire du Centre. (2024)

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